Notre cousin, Ahmad Ibrahim Abusrour, a perdu son fils Srour, 21 ans, étudiant, après qu’il ait été touché au cœur par le tir d’un snipper sioniste. Il est mort sur le coup. Ahmad a été emprisonné par l’occupant sioniste en 1967. Il a été libéré en 1985 à l’occasion d’un échange de prisonniers. Pendant toutes ses années d’emprisonnement, il a refusé d’être libéré en dehors de la Palestine. Il a choisi de rester prisonnier aussi longtemps qu’il ne pourrait être libéré dans son cher pays, la Palestine. Il est simple, honnête, un être humain. Il pratique la religion musulmane. Il n’a pas tiré avantage de son histoire pour bénéficier d’une position dans l’Autorité palestinienne. Il a choisi de travailler de ses mains, d’élever ses fils (il n’a pas eu de filles) et de les éduquer. De leur donner toutes les raisons de vivre, et non de mourir. C’est douloureux pour moi de voir les larmes dans ses yeux, ceux de sa femme, de nous tous. C’est douloureux pour moi de voir Srour, ce jeune homme, porté sur les épaules pour être enterré, au lieu que ce soit lui qui nous porte à notre tombe. C’est très douloureux lorsque j’entends des gens dire : tu devrais être fier qu’il soit mort en martyr, c’est un héros, il est ceci et cela… C’est douloureux quand on voit ses amis, ses frères, ses cousins cacher leurs larmes et si des enfants laissent voir leurs larmes, les aînés leur dire : sois un homme, ne pleure pas.
Nous ne sommes pas des super-héros. Nous sommes des êtres humains. Et nous avons le droit de pleurer et d’avoir les yeux plein de larmes. Srour a été tué par un lâche sioniste, un sniper, non pas parce qu’il était sur un champ de bataille. Il n’était pas un soldat, il n’était pas un combattant armé, il n’était pas un danger pour le plus grand système d’apartheid existant, qui insuffle la haine et la violence. Il était étudiant, rentrant de l’université après avoir fait son inscription pour son 2è semestre. Il n’avait pas prévu de mourir. Srour était un étudiant, l’un des 3 cadets parmi les 5 frères et la souffrance de ses parents et de ses frères est immense. Si encore cela arrangeait les choses qu’il ait été tué injustement, qu’il soit un martyr, qu’il ait aimé son pays, mais cela ne soulage aucun parent du monde d’avoir perdu son enfant et de l’enterrer. Que son âme trouve la liberté et la paix dont il a été privé de son vivant. Puissent ses parents trouver paix et patience face à cette immense perte. Puissent les familles de ces jeunes et enfants exécutés par une société de bandits dont l’existence est basée sur la terreur, le chantage, l’intimidation, trouver paix, patience et sagesse. Malgré la terreur, le racisme, la haine et l’injustice à l’encontre de chaque Palestinien. Nous revendiquons l’art de vivre, la dignité, l’amour et l’humanité.
Nous ne nous réfugierons pas dans la haine ou la vengeance.
Abdelfattah Abusrour, Aïda, janvier 2016.