Les Amis d’Al-Rowwad

WAJIB - L’INVITATION AU MARIAGE (le film) Toujours à l’affiche

Sortie nationale du film wajib le 14 février - voici le lien : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=257902.html

“Wajib”, une étonnante douceur palestinienne à Locarno

Dans un festival qui joue les agitateurs du cinéma, la surprise est venue d’un film placé sous le signe du dépouillement et de la tendresse : “Wajib”, tourné à Nazareth par Annemarie Jacir. Avec les formidables Mohammad et Saleh Bakri, père et fils.
A l’approche d’un mariage, la tradition veut, en Palestine, que les hommes de la famille aillent porter personnellement leur invitation à tous ceux qui seront conviés à la fête. Cette tournée des popotes a inspiré à Annemarie Jacir, déjà repérée avec le beau Sel de la mer (2008), un film à la fois simple et subtil, Wajib. On y suit un père et son fils qui, munis d’un stock d’invitations au mariage de leur fille et sœur, font du porte-à-porte chez les connaissances et amis, à Nazareth. Rien de plus. Les grandes joies seront pour le jour de la fête. Et les drames sont mis entre parenthèses.

C’est du côté des petites choses de la vie que la réalisatrice porte son regard, avec générosité, précision aussi. Au fil des visites, elle saisit des portraits touchants et parfois drôles. Toute une atmosphère qui raconte une famille, une ville, une culture. « Les personnages de Wajib sont directement inspirés par des gens que je connais, explique-t-elle. Mais c’est aussi ma propre vision de Nazareth que je donne. J’ai voulu que cette fiction soit à la fois ancrée dans la réalité et universelle. Il y a une part d’humour et j’y tenais. Je crois qu’on peut parler d’une tonalité méditerranéenne. »

“Wajib”, tourné à Nazareth par Annemarie Jacir. Avec les formidables Mohammad et Saleh Bakri, père et fils.

Ce film chaleureux séduit et étonne, dédramatisant une réalité que les cinéastes palestiniens évoquent souvent avec gravité. Ici, les conflits restent sous-jacents. Le père, professeur, travaille avec les Israéliens. Le fils s’est exilé en Italie. Et tout le monde a une façon différente de se revendiquer palestinien. Annemarie Jacir fait subtilement ressentir ces tensions. Elle donne à son film une profondeur humaine, sociale, politique. Mais sans jamais perdre de vue la mission modeste et précieuse de ses personnages : inviter au mariage, au rassemblement.

Annemarie Jacir, réalisatrice de Wajib

« Je n’ai pas la prétention de faire une leçon aux spectateurs, en leur montrant la violence de l’armée israélienne et le drame de la colonisation des territoires palestiniens, commente-t-elle. Je préfère rester proche des personnages et amener les spectateurs à se mettre à leur place. Qui a raison dans le film ? Le père, qui est resté à Nazareth ? Le fils, qui a préféré partir en Italie et ne revient qu’en visite avant le mariage ? Je ne sais pas moi-même que répondre. Je comprends ces deux personnages car j’ai vécu l’une et l’autre de ces situations. Je suis née en Palestine, je suis partie, je suis revenue. C’est mon pays mais je ne peux plus y vivre comme quelqu’un qui ne l’a jamais quitté. »

Ce duo père-fils désaccordé mais profondément uni est l’atout de Wajib grâce à l’interprétation des deux comédiens, qui n’ont pas besoin de feindre ce lien de parenté : le jeune Saleh Bakri (déjà présent dans Le Sel de la mer) et son papa, Mohammad Bakri, qui a commencé sa carrière en 1983, dans Hanna K. de Costa Gavras, et n’a jamais quitté la Palestine.

« J’ai fait le même choix que mon personnage dans Wajib, constate-t-il en souriant. J’ai décidé de rester là où sont mes racines, même si c’est difficile et même dangereux de vivre en Palestine. Nous sommes assiégés de façon permanente par les Israéliens. Dans Wajib, mon fils refuse de vivre sous cette oppression et, selon moi, c’est lui qui a raison. La situation est complexe et le film l’évoque en arrière plan, de façon très juste. Jouer avec mon propre fils, travailler avec Annemarie Jacir et tourner à Nazareth, tout cela a été très émouvant pour moi. »

Saleh Bakri

Un peu en retrait, moins disert que son père, Saleh Bakri s’est, lui aussi, pris au jeu de la situation que vivent leurs personnages dans Wajib : « J’approuve l’attitude du fils, qui refuse les compromis. Il a bien fait de partir. Mais, en même temps, il a abandonné le rêve qu’il avait à Nazareth, où il voulait créer un ciné-club et lancer des discussions en montrant des films. »

Un désir d’échange dans lequel Annemarie Jacir s’inscrit parfaitement avec Wajib. Un double prix d’interprétation pourrait couronner cette réussite. Pour Mohammad Bakri, il y aurait là comme un triomphe personnel : son premier prix d’interprétation, il l’a reçu en 2004, pour Private, de Saverio Costanzo. Au festival de Locarno.



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